mimiques
Lire les visages
Découvrir les autres, leur visage, leur singularité, leur présence, leur identité et
les inscrire dans notre mémoire, dans une histoire qui leur donne sens, dans un récit.
Aller à la rencontre de l’autre, tel que nous l’inventons avant même de savoir si nous nous sommes trompés, parce que tout visage entrevu est promesse de présence,
de relation, de découverte, de lien, de souvenir, de retrouvaille.
Si nous regardons un visage, nous savons immédiatement si c’est une personne que nous connaissons et, si tel est le cas, nous reconnaissons la plupart du temps cette personne parmi toutes celles qui nous sont familières.
Qu’est-ce que reconnaître ?
Il n’y a rien de plus secret, de plus privé, que nos émotions, nos sentiments, nos espoirs, nos craintes, nos pensées, nos souvenirs, nos désirs, nos regrets, nos rêves.
Rien de plus secret que ces mondes intérieurs qui émergent sans cesse en nous depuis le début de notre existence jusqu’à notre dernier souffle, tant que la flamme de la conscience brûle en nous.
Que pouvons-nous connaître des autres en dehors de ce que nous disent leurs paroles, en dehors de leurs mots, quand leur seul langage est celui de leur visage et de leur corps ?
Notre seule manière de comprendre les autres est de faire appel à cet étrange et merveilleux pouvoir de vivre en nous et de ressentir l’intensité de leurs émotions et de leurs intentions à partir de ce que nous percevons de leurs gestes, des expressions de leur visage, de leur regard, des intonations de leur voix.
L’empathie, “Einfühlung” : ressentir la connaissance du moi de l’autre.
Lorsque nous attribuons aux autres ce que nous mimons en nous à partir de ce que nous percevons de leurs expressions,
ce que nous mimons en nous par l’intermédiaire des activités de nos réseaux-miroirs, ces réseaux de cellules nerveuses dans notre cerveau,
ces réseaux-miroirs qui s’activent en nous lorsque nous voyons l’autre effectuer un geste,
et lorsque nous nous préparons à effectuer le même geste que l’autre est en train de réaliser.
Cela nous permet ainsi de mimer en nous, de ressentir en nous, de vivre en nous, sans vraiment le savoir, sans en être vraiment conscients, ce que nous percevons chez l’autre : leur reflet.